Ça y est bébé est là al hamdu liLah, après neuf mois de fatigue, d’impatience, d’inquiétude c’est enfin terminé. Huuum, en fait, pas tout à fait…En réalité c’est maintenant que tout commence et que nous entrons le fameux et difficile « post-partum ».
Avant toute chose qu’est-ce que le post-partum ? Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) il s’agit de « la période commençant immédiatement après la naissance du bébé et s’étendant jusqu’à six semaine (42 jours) (…) ». Ma définition à moi est simple : c’est la période durant laquelle on prend conscience qu’on est maman « pour de vrai » et de tout ce que cela implique, d’autant plus lorsqu’il s’agit de la première grossesse.
Certains malins diront « Mais tu l’as voulu cet enfant et puis tu as eu neuf mois pour te préparer blablabla ». Oui c’est vrai, on a effectivement eu neuf mois pour se préparer mais, entre nous, qui était réellement prête à 100% ? Celles qui répondront « moi » je veux bien que vous nous disiez comment vous avez appréhendé la chose pour vous sentir totalement opérationnelles. Genre… vraiment !
Cette période de rencontre avec bébé mais aussi avec soi-même est également une période de grands défis. C’est un moment où nous n’avons pas d’autres choix que d’être solide tandis qu’émotionnellement ça peut parfois être la cata’. Nos hormones sont en totale roue libre. C’est aussi une période où, bien que très entourée (en tous cas pour celles qui en ont la chance), on peut, paradoxalement, se sentir très seule.
Les Défis du Post-Partum
Le corps et le post-partum
Difficultés Physiques

Après l’accouchement on se dit que ça y est tout est fini, on va retrouver notre corps d’avant… LOL. Je me souviens, le lendemain de mon accouchement, en voyant mon ventre pendouiller m’être dite « Mais je ne vais pas rester comme ça ?! ».
Voici ce à quoi il faudra éventuellement faire face (et pour celles qui sont déjà passées par là : quelques doux souvenirs…)
- Neuf mois sans règles certes, mais les lochies, viennent nous perturber pendant de loooongs jours – jusqu’à quarante pour certaines femmes. Sans parler des grosses culottes jetables et des énormes serviettes hygiéniques.
- Après l’accouchement les contractions perdurent, c’est ce qu’on appelle les tranchées. L’utérus reprend sa taille initiale. Heureusement, des anti-douleurs nous sont proposés.
- Le manque de sommeil dû aux fréquentes tétées ou prises de biberons de bébé et aux nombreux passages des infirmières et des proches. D’ailleurs, j’ai pu expérimenter la naissance hors covid en 2019 et celle en période de confinement en 2021. Pour être tout à fait honnête, le fait de ne pas pouvoir recevoir de visites a été un repos pour moi car je pouvais dormir en journée en même temps que ma fille.
- On imagine l’allaitement comme quelque chose de très simple, on fait téter son enfant et puis c’est tout. Cependant, il est important de savoir que cela s’apprend comme toutes autres choses liées à la maternité. La douleur des montées de lait ou encore les bonnes positions à adopter pour le confort de bébé mais aussi le sien sont autant de sujets à propos desquels il ne faut pas se sentir gênée d’être ignorante. L’allaitement est certes une chose naturelle mais n’est pas pour autant un don inné.
L’esprit et le post-partum

La maternité n’a jamais été une question purement physique, c’est pourquoi il est important de parler de santé mentale.
Difficultés Émotionnelles
Il faut savoir qu’après avoir accouché, nous sommes sujettes à une grosse chute d’hormones qui, combinée aux difficultés physiques citées plus haut, peut exercer une forte influence sur nos émotions. On peut alors tomber dans le baby blues. Et qu’est-ce que le baby blues ? Il s’agit d’un état de tristesse qu’on peut ressentir à la suite de l’accouchement en raison des fluctuations hormonales. Ce phénomène est assez fréquent (30 à 70% des nouvelles mamans en font les frais, donc non ce n’est ni honteux ni bizarre) et c’est surtout PASSAGER.
Difficultés Psychologiques :
- Le baby blues ne doit pas être confondu avec la dépression post-partum qui, elle, est caractérisée par une tristesse profonde, une perte d’intérêt pour les activités quotidiennes et des difficultés à se connecter avec son bébé. Si vous vous retrouvez dans cette description il faut se rapprocher d’une personne compétente et surtout ne pas rester silencieuse sur son mal-être.
- Le passage de la vie sans enfant à la vie de maman peut être assez terrifiant. Les responsabilités sont grandes, très grandes et on ne peut pas de dire « stop ». Alors il est tout à fait possible (et NORMAL) d’avoir peur, de ne pas se sentir à la hauteur ou d’être un peu nostalgique de sa vie tranquille d’avant.
Quelles solutions pour ses débuts difficiles ?
L’entourage

Il est très important d’être bien entourée durant cette période de grande vulnérabilité.
Le corps médical :
Après l’accouchement, il ne faut pas hésiter à profiter du fait d’être à l’hôpital pour interroger le personnel. Faîtes part du moindre doute que vous pourriez ressentir concernant votre bébé ou vous-même. Faîtes-vous aider concernant l’allaitement avec une conseillère en lactation ou, si c’est possible, demander à ce qu’une sage-femme prenne bébé 1 ou 2 heures pour vous permettre de vous reposer un peu. Une fois rentrée à la maison, une sage-femme vient vous rendre visite afin de vérifier que tout se passe bien. C’est aussi, là, une occasion pour s’ôter toutes inquiétudes.
Les proches :
Les proches ont une très grande importance dans cette période. Parler avec ses sœurs, copines, tatas déjà mamans (ou pas) peut faire beaucoup de bien. N’ayez pas honte de leur dire que vous êtes fatiguées, que vous avez besoin d’aide ou juste de parler. Si c’est possible, pratiquez la retraite post-partum (période durant laquelle la femme se retire chez ses parents pour avoir du soutient avec son nourrisson).
Là, je m’adresse aux sœurs qui ont des femmes qui viennent d’accoucher dans leur entourage : veillez sur elles ! Rendez visite (pour aider hein parce que hum…), prenez des nouvelles, faîtes un plat pour soulager ou offrez un massage si vous pouvez mais vraiment occupez-vous de vos babys mamas de la manière dont vous auriez aimé que ce soit le cas pour vous-même. Bien sûr cela dans la limite de vos capacités financières, de temps… . C’est une période qui peut s’avérer très difficile et durant laquelle le soutient fait beaucoup de bien.
Inclure papa
Pendant la grossesse le père, bien que présent, n’a pas de lien physique avec son enfant. C’est donc le moment pour lui de le créer. Nombreuses sont les mamans qui pensent être les seules à pouvoir gérer leur enfant augmentant ainsi leur charge mentale. Désolée pour votre égo mes copines mais ce n’est pas vrai (en tous cas si vous avez conçu votre bébé avec un adulte responsable…). C’est nouveau aussi bien pour nous que pour eux, on apprend à être maman (ou une nouvelle façon de l’être) et il faut que monsieur apprenne également. Laisser bébé et papa « se gérer » 1h ou 2 pour que vous puissiez récupérer un peu est un très bon exercice qui ne va tuer personne, enfin normalement…
Le self-love

Parce qu’au finale personne n’est réellement à notre place.
Prendre soin de soi :
Le post-partum est une période durant laquelle on pense souvent à tort que bébé est le seul dont le bien-être compte. C’est faux. Si maman ne va pas bien ou est trop épuisée la machine ne tournera pas. Dans la mesure du possible, essayez de prendre du temps pour vous : aller se balader une petite heure, déjeuner avec une copine, se faire masser, continuer ses hobbies sont autant de choses qui peuvent faire la différence. N’oubliez pas qu’il n’est pas possible d’être maman au top sans s’épanouir en tant que femme. Prendre soin de sa santé mentale est primordiale et cela passe par le fait de ne pas chercher à être parfaite, de toute façon c’est peine perdue. Si le ménage n’est pas nickel ou que ça fait 3 jours que vous commandez des burgers CE N’EST PAS GRAVE ! L’essentiel c’est que ça aille.
Quelle est la place de l’islam dans tout ça ?
Versets et Hadiths

« Nous avons commandé à l’homme [la bienfaisance envers] ses père et mère ; sa mère l’a porté [subissant pour lui] peine sur peine : son sevrage a lieu à deux ans. » Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu’envers tes parents. Vers Moi est la destination. » (Coran 31/14)
Si l’Islam offre une place aussi importante à la mère, c’est bien parce qu’Allah subhannahu wa ta’ala est plus Connaisseur que quiconque de toutes les difficultés liées à la maternité. On a tendance à penser que parce qu’on est mère et musulmane, on ne devrait ressentir aucun autre sentiment que de la joie et de la gratitude. Or, en aucun cas l’Islam ne nous brime dans nos émotions mais plutôt nous réconforte et nous fait relativiser grâce à des versets et des hadiths qui nous chuchotent « Allah sait et Il est là».
« Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité(…) ».(Coran 2/286)
D’après Oum Salama (qu’Allah l’agrée) : « À l’époque du Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui), les femmes qui avaient accouché s’asseyaient quarante jours ».
(Rapporté par Tirmidhi dans ses Sounan n°139 et authentifié par Cheikh Albani dans sa correction de Sounan Tirmidhi)
En Islam, après l’accouchement, la femme est dispensée d’effectuer la prière comme pendant les règles. La durée de cette exemption court de l’accouchement jusqu’à la fin de l’ecoulement des lochies; le maximum étant de 40 jours (tiens, tiens ça ne vous rappelle pas la définition de l’OMS sur le post partum ça… ? Je dis ça je ne dis rien). Allah Lui-même nous impose le repos jusqu’à ce que cette période trouble de dissipe un peu.
« Lequel donc des bienfaits de votre Seigneur nierez-vous ? » (Coran 55/13)
Médecine prophétique :

Les remèdes naturelles ne sont pas à négliger pendant le post-partum. La nature est bien faite.
La talbina : La talbina est une sorte de porridge à la farine d’orge. En période de post-partum elle s’avère être l’aliment idéal. En effet, par sa grande teneur en magnésium elle permet de lutter contre la dépression de manière générale. C’est d’ailleurs un plat qui est conseillé aux personnes ayant perdu un être cher. De plus, la talbina a un effet sur l’allaitement car l’orge est une céréale qui a pour propriété de favoriser la lactation. Pourquoi s’en priver ?
Les invocations : Hé oui ! le vrai remède miracle c’est celui-ci. Toujours demander à Allah de nous faciliter, de dissiper nos angoisses, nos douleurs et de nous donner la force d’être à la hauteur. Chaque situation nécessite qu’on demande le renfort de Notre Créateur.
Le post-partum c’est la naissance d’un bébé mais aussi celle d’une nouvelle femme. C’est une période de défis et le début d’un apprentissage qui dure toute une vie. C’est aussi le moment où l’on fait l’une des plus belles rencontres de notre vie.
Être informée permet d’appréhender au mieux ce passage, parce que oui, ce n’est qu’un court chapitre dans le livre de la maternité et ce malgré sa potentielle intensité.
Le but de ce billet est de rappeler qu’il n’y a pas de honte à se sentir dépasser par les évènements. J’aimerais casser les tabous et sortir de ce délire mondial qui dit que « la maternité c’est QUE du bonheur » car cela fait culpabiliser de nombreuses jeunes mamans qui pensent être de mauvaises mères alors pas du tout. Elles sont juste humaines et quels humains ? Celles pour qui la bonté et la miséricorde a été ordonné trois fois…
La paix sur vous 🧡
Pour aller plus loin :